Publié le 23 Novembre 2024
La rénovation énergétique, pilier des ambitions écologiques de la France, traverse une période troublée. Alors que les aides de l’État permettent à de nombreux ménages de rénover leurs logements à moindre coût, un récent rapport de la Cour des comptes pointe les limites du système des Certificats d’économie d’énergie (CEE). Jugé coûteux — six milliards d’euros en 2023 — et inefficace, ce dispositif est de plus en plus critiqué par les professionnels du bâtiment.
Pour Anthony Lizon, jeune propriétaire en Haute-Garonne, ces aides ont pourtant été déterminantes. Sa maison, qualifiée de « passoire thermique », a fait l’objet d’une rénovation d’envergure : isolation extérieure, installation d’une pompe à chaleur, ravalement de façade. Des travaux estimés à 50 000 euros, réduits à 8 000 euros grâce aux aides publiques. Mais cette réussite masque des démarches souvent lourdes et chronophages. « Les dossiers peuvent prendre de quatre à huit mois pour être validés, ce qui décourage certains ménages », explique Maxence Hilgenberg, responsable d’agence chez Cozynergy, qui accompagne les particuliers dans ces procédures complexes.
Cette lourdeur administrative n’est pas le seul écueil. L’éco-délinquance, dénoncée dans le rapport de la Cour des comptes, continue de nuire à la réputation du secteur. Fraudes, malfaçons, sociétés éphémères : ces abus fragilisent la confiance des particuliers et compliquent encore la donne. En réponse, l’État multiplie les révisions des dispositifs d’aide, mais cette instabilité freine les professionnels. « Changer les règles tous les six mois n’est pas une solution », déplore Nicolas Durand, PDG de Cozynergy. « Il faut des contrôles renforcés sur le terrain, pas des réformes incessantes qui désorientent les entreprises et les particuliers. »
Alors que le secteur du bâtiment est au cœur des objectifs climatiques de la France, la confusion actuelle pourrait ralentir la transition énergétique. Les professionnels appellent à la stabilité des dispositifs pour sécuriser les investissements et restaurer la confiance. En l’absence de mesures claires et durables, atteindre les ambitions environnementales fixées pour 2050 pourrait devenir un défi insurmontable.
La rénovation énergétique, indispensable, mais encore trop complexe, demeure un chantier à part entière. L’équilibre entre aides, régulations et contrôles sera crucial pour redonner souffle et crédibilité à ce secteur clé.